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Camilla Läckberg, Le Dompteur de lions

Par un froid glacial de janvier, une jeune fille, Victoria est retrouvée quasiment nue sur une route dans la forêt. Grièvement blessée : on lui a arraché les yeux, coupé la langue et crevé les tympans, elle est percutée par une voiture et meurt de l’accident quelques heures plus tard. Toute l’équipe du commissariat de Tanumshede est bien sûr alertée avec Patrick Hedström en première ligne. Les policiers sont d’autant plus inquiets que d’autres jeunes filles ont disparu dans le secteur au cours des derniers mois et n’ont, elles, jamais été retrouvées.

De son côté, Erica Falck, la femme de Patrick travaille sur une autre affaire sordide mais qui n’a à priori aucun lien avec la première : elle s’intéresse à une meurtrière emprisonnée depuis des dizaines d’années. La femme, Leila avait tué son mari, un ancien dompteur de lions qui maltraitait sa petite fille Louise, apparemment noyée de façon accidentelle depuis. La prisonnière se confie peu, Erica est certaine qu’elle protège quelqu’un. Pour preuve, les étranges courriers qu’elle reçoit en prison, relatant les disparitions des adolescentes.

Au cours de l’enquête, un lien ténu apparaît : toutes les sœurs des victimes fréquentaient un centre hippique dirigé d’une main de fer par Marta, la femme d’un vétérinaire au dessus de tout soupçon, Jonas qui n’hésite pas à se lever en pleine nuit pour aller soigner un animal.

Seule ombre au tableau, le père de Jonas, un homme désormais cloué dans un fauteuil roulant, est un vrai salaud qui a passé sa vie à manipuler autrui

Il faudra tout le savoir faire des policiers allié au courage et à l’inconscience d’Erica pour que l’énigme soit résolue et que des liaisons se fassent entre les différents protagonistes.


Dans ce neuvième opus de la série Fjâllbäcka, Camilla Läckberg, livre sans doute son roman le plus abouti, dans lequel un meurtre vieux de vingt sept ans resurgit et éclaire d’un jour nouveau l’enquête actuelle. Les personnages récurrents sont sans surprise, efficaces et attachants mais l’intrigue atteint des sommets. Il s’agit d’un suspens à trois niveaux, impliquant plusieurs tueurs qui n’auraient jamais du se rencontrer. Le destin, maléfique et torturé de trois assassins se rejoint pour imaginer des sévices hallucinants se déroulant sur une trentaine d’années.

Dans les précédents romans de l’auteur suédois, le crime était certes présent, abominable mais était le plus souvent, le fait d’un seul meurtrier. Dans le dompteur de lions, il s’agit d’une puissante conjonction du mal. D’autant plus que Le Dompteur de lions avec son dénouement à faire se dresser les cheveux sur la tête de son lecteur, laisse libre cours à l’imagination de celui-ci pour envisager tous les rebondissements possibles, plus terrifiants les uns que les autres.

Dans ce roman sombre, violent, magistral, l’auteure suédoise laisse augurer d’un tournant vers une écriture noire encore plus radicale dans sa déjà belle carrière.


Brigit Bontour


Camilla Läckberg, Le Dompteur de lions, traduit du suédois par Lena Grumbach, Actes sud, mai 2016, 391 pages, 23 €

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