Lettre ouverte d'une correctrice

Je publie ci-dessous la lettre ouverte, reçue d'une correctrice que j'avais invitée à s'exprimer librement sur les conditions dans lesquelles elle exerce son métier. Cette lettre s'adresse au monde du livre : éditeurs, auteurs, lecteurs..

Pourquoi ai-je proposé à cette correctrice de procéder à cet état des lieux ? 

Tout d'abord parce qu'elle m'a contactée ici-même -et discrètement-  pour me signaler des fautes dans une de mes chroniques....

Surtout parce que je partage son inquiétude :  des fautes et coquilles  en veux-tu en voilà fleurissent de plus en plus dans les parutions récentes, aussi bien dans les petites maisons d’édition que dans les plus fameuses, de moins en moins regardantes. Le prix Goncourt 2011  en version numérique n’y a d’ailleurs pas échappé ...

Alors oui, les éditions numériques corrigent souvent par-dessus la jambe, mais les plus traditionnelles renâclent aussi  à y dépenser temps et argent.

 

A l’heure de la rentabilité à tout prix et sous prétexte de la survie du monde de l’édition, le métier de correcteur – et de relecteur-  passe  donc à la moulinette, sacrifiant   la langue  sans aucun  état d’âme. Avoir son  style d’écriture, créer des néologismes,  se passer de ponctuation, soit ! Mais massacrer le français et être illisible est assez insupportable.  

La question du respect de la langue et  surtout du lecteur étant réglée par une réponse lapidaire :  on ne va pas quand même pas donner  de la confiture aux cochons ! 

Les livres devenus produits de consommation de masse et non plus ouvrages littéraires sont traités comme tels.


Les  fourmis qui bossent dans l’ombre pour des clopinettes, en relisant les manuscrits, traquant barbarismes, répétitions,  fautes de grammaire  et d’orthographe sont une  espèce en voie de disparition, remplacées par des logiciels.  Ève, ardente ouvrière,  ne veut pas être le maillon faible de la chaîne du livre. Cette lettre s’adresse tout autant aux éditeurs qu’aux auteurs.


Anne Bert


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2 commentaires

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