Anthony Doerr, Toute la lumière que nous ne pouvons voir : Saint-Malo sous les bombes

Août 1944 : Saint Malo est la dernière citadelle au bout du continent, l’ultime point fort allemand sur la cote bretonne avant l’arrivée des Alliés. Dans la cité corsaire pilonnée par les bombes vont se rencontrer deux âmes seules. Marie-Laure, devenue aveugle à six ans, passionnée par les mollusques, a quitté Paris pendant l’exode pour se réfugier chez son grand-oncle qui n’est pas sorti de chez lui depuis la Première Guerre mondiale. Et Werner, membre de la Wehrmacht, orphelin et génie des transmissions électromagnétiques est le seul rescapé de son régiment. Entre ces deux-là, ennemis malgré eux se tissera une relation fragile, mais réelle. 


Dans ce roman de 610 pages, récompensé récemment par le prestigieux Prix Pulitzer et traduit en 40 langues, il est aussi question d’un diamant bleu, gros comme un œuf de pigeon, L’océan de flammes et d’escargots de mer. L’auteur, dont c’est le deuxième roman seulement, se nomme Anthony Doerr et a eu l’habilité de nouer deux fils narratifs bien distincts : l’enfance choyée de Marie Laure, dont le père est serrurier au Musée d’Histoire naturelle de Paris et l’embrigadement de Werner, enfant candide plongé dans un monde de violence. Chapitres ultra courts à la façon d’un best-seller, écriture précise et efficace mais sans effets de style, digressions variées sur la faune et la flore, l’auteur réussit à nous captiver avant même que ses héros, finalement, se rencontrent. Et Saint-Malo en cité martyre fumante juste avant l’arrivée des Américains est criante de vérité. Cette histoire a bien entendu été achetée par Hollywood qui prédit un grand film. Pas mal pour un roman ironiquement titré Toute la lumière que nous ne pouvons voir.


Ariane Bois 


Anthony Doerr, Toute la lumière que nous en pouvons voir, traduit de l’américain par Valérie Malfoy, Albin Michel, avril 2015, 610 pages, 23,50 €

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