La fractale des raviolis : les poupées russes façon Pierre Raufast

Pour son premier roman, Pierre Raufast parvient à ajuster son mille feuilles sans la moindre fausse note, ce qui est toujours un exercice délicat quand on assemble plusieurs nouvelles qui doivent faire un roman. Parfois le ton change, le propos s’évapore, le lecteur se perd, le style se grippe ; ici, rien de tout cela. Au contraire : posant le postulat du crime parfait, madame saupoudrant ses raviolis de quelques épices mortelles pour couper définitivement, sinon la chique à monsieur dont les blagues finissent par lasser, surtout l’appendice érectile beaucoup trop employé à tort et à travers. Quand passade aurait été tolérée goujaterie et tromperie systématique doivent être stoppées !

 

Sauf qu’il y a toujours une mouche dans le lait, un grain de sable dans la grande complication qui impose sa vérité en lieu et place du plan si habillement façonné. C’est le fils de la voisine qui vient s’inviter au repas – et ne mérite aucunement de mourir empoisonné – qui va déclencher la chute du premier domino. Le château de cartes des possibilités de repli s’effondrera également non sans un petit périple dans le monde décalé des surdoués et des imposteurs d’où le berger en ermitage avec ses moutons ponctuera l’envoi d’une innocente sagesse qui fait particulièrement défaut ces temps-ci.

 

Avec adresse et sens du jeu, Pierre Raufast conduit son lecteur de chapitre en chapitre, mimant des égarements qui ne sont là que pour dissimuler l’apothéose de la dernière ligne. Les salauds gagnent toujours à la fin…

 

François Xavier

 

Pierre Raufast, La fractale des raviolis, Alma éditeur, août 2014, 266 p. – 18,00 €

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