D’entre les pierres de David Lelait-Helo : Voyage au cœur des mythologies argentines

« La maison est une éponge, elle se nourrit de nos vies » C’est parce qu’il a toujours aimé parler du lien que nous pouvons avoir avec notre habitat et ses secrets que David Lelait-Helo, l’auteur de Poussière d’homme et Sur l’épaule de la nuit a imaginé un récit raconté à la première personne du singulier par… une maison. Pas n’importe laquelle, ni n’importe où. C’est une très vieille demeure au cœur de Buenos Aires, coincée entre deux tours qui page après page, nous raconte ce que fut sa vie. Elle n’en a plus pour très longtemps, déjà les pelleteuses sont à pied d’œuvre pour la détruire.

 

Et la demeure bourgeoise de révéler progressivement une étrange histoire, celle de Soledad Salvador, jeune fille enceinte qui fuit la campagne patagonienne et les siens pour s’installer en ville. Séduite par un jeune homme riche qui l’a payée pour son silence, elle achète la maison et s’y installe, rejetée de tous. Elle en fait un cocon protecteur, un havre de paix. Une petite fille, Elena, viendra au monde entre ses murs. Ceux-ci vont raconter l’histoire de la ville, de l’arrivée des Espagnols sur les rives du Rio de la Plata en 1536 avec Mendoza à Evita Péron. Et lorsqu’Elena grandit, l’histoire frappe à sa porte avec la dictature de Videla.

 

Écrit dans une langue riche et d’une grande poésie, D’entre les pierres allie fable, conte et roman d’aventures. Lelait-Helo n’a pas son pareil pour rendre hommage à un pays, aux femmes de courage et à une maison qui alarme presque tous ses occupants sur ce qui se passe à l’extérieur. Mais parfois le danger vient de l’intérieur…

 

On a du plaisir à suivre la vie de Soledad, jeune mère naïve et comblée ainsi que ses liens avec son décor. Et l’on a surtout envie d’en savoir plus sur ce fascinant pays, l’Argentine, son histoire tragique et belle.

 

Ariane Bois

 

David Lelait, D’entre les pierres, éditions Anne carrière, octobre 2014, 220 pages, 18 euros 

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