Anne Serre, Petite table, sois mise ! : Une vision solaire de la vie.

Anne Serre va certainement choquer les bonnes âmes, surtout dans le contexte actuel où l’on ne peut faire référence à l’inceste qu’en fustigeant l’acte et tous ses acteurs sans la moindre indulgence, à moins de passer pour une détraquée. Le sexe en littérature est toujours un sujet qui fait jaser. On peut tuer, torturer, faire preuve d’innombrables horreurs dans les romans sans problème, mais écrire le sexe, ses joies et ses dérives, c’est avancer en terrain mouvant et prêter le flanc à la badine. Or, Anne Serre n’en a cure. Jamais elle ne condamne ni ne moralise, elle poursuit juste son chemin en prenant simplement le temps et le soin de bien dire comment.

 

Ce très court roman ne prend d’ailleurs pas le lecteur en traite, dès les premières lignes il sait à quoi s’en tenir : à 7 ans, la narratrice a vu pour la première fois son père habillé en fille, sa mère est toute la journée nue dans la maison la touffe et les seins opulents à l’air, et parents et amis se manifestent leur amour de façon débridée à la vue des trois sœurs qui sont associées aux fornications dans une joyeuse insouciance.

 


Le décor est planté. Mais l’écriture sobre d’Anne Serre réussit le miracle de transcrire dans les scènes sexuelles décrites très précisément, quelque chose de l’innocence, de la pureté de l’intention de cette famille déjantée. Même si la mère est nymphomane et totalement obsédée. Il s’agit moins de vice, de déviance scabreuse que de joie, de lien de chair plus encore que de sang. C’est tout au moins ainsi que le ressent et le vit la fillette. Son corps et celui de ses sœurs ne sont pas forcés, mais conviés à s’aimer tous ensemble.

 

L’enfant conçoit cela comme des us et coutumes familiales, certes un peu spéciales, mais bien agréables. Elle apprécie la vive appétence pour la vie de ses géniteurs, la tension érotique qui règne dans la maison et trouve la normalité et la douceur ennuyeuses.  

 

« On pourrait penser qu’en vivant dans ce que d’autres auraient appelé un tel "désordre" de mœurs, nous étions très troublées. Eh bien, non. Nos résultats scolaires étaient plutôt bons, et nous avions des amis avec qui les rapports étaient excellents. »

 

Je ne raconterai pas plus l’histoire de ce livre, le format ultra court ne le permet pas, il faut laisser au lecteur le plaisir de la découverte. Tout est surprenant oui, terriblement. Mais plus que cela encore parce que Anne Serre fait parler la narratrice de telle façon que j’ai été amenée à ressentir si précisément l’atmosphère et la maison, totalement dénuées de perversion sale et avilissante. Bien sûr, soumettre ces trois fillettes à une telle manière de vivre n’est pas acceptable, mais le récit de la première partie est lumineux. La tristesse, le mal-être n’existent que lorsque la famille doit mettre en sourdine leurs débordements pour ne pas attirer l’attention sur elle et risquer d’être séparée.

 

Le livre bascule lorsque l’adolescente, à 15 ans, quitte le domicile et commence une vie d’errance dont on ne sait pas trop (ni elle d’ailleurs)  les tenants et les aboutissants, sinon qu’à 15 ans, elle atteint sa maturité et est prête pour se construire ailleurs. Anne Serre, tout en douceur renverse la machine. L’ado ayant tout connu avec son corps n’a rien pu connaître avec son cœur et son esprit. Elle ne part pas souffrante, mais errante, c’est le mot. Elle soutient que sa famille ne l’a pas bousillée, elle veut même souligner de cette vie familiale si unie dans l’érotisme, la beauté. Et malgré cette assertion, je doute un peu. Non pas de la réelle beauté de cette façon de s’aimer avec la chair, après tout l’inceste est une interdiction toute sociétale sur laquelle on pourrait disserter longtemps. Mais je doute de la réalité de la certitude de la narratrice. Son apparente indifférence à la mort de ses parents, son presque soulagement de ces disparitions, ses difficultés à faire éclore ses sentiments ne sont-ils pas des traces de fêlures ? Ou bien est-ce tout simplement le prix à payer une enfance passée sous un soleil trop chaud ? C’est sans doute dans sa volonté de ne rien renier que l’héroïne réussit à dire que « le monde avait une cohérence ensorcelante ».

 

Le titre peut paraître étrange pour qui ne connaît pas le conte des frères Grimm. Petite table sois mise est une formule qui, prononcée, pose magiquement des mets appétissants sur la table. Cette grande table luisante sur laquelle sa mère se ploie est l’objet symbolique du roman. Sur celle-ci  s’amarre toute l’enfance de la narratrice.


Enfin, Petite table sois mise !  est en lice pour le prix Sade 2012,  avec 5  autres romans en compétition :

Les Oeuvres de miséricorde, de Mathieu Riboulet (Verdier)
Nuit Noire, de Christophe Siebert (Rivière Blanche)
Les Immortelles, de Makenzy Orcel (Zulma)
Six érotiques plus un, de Jacques Drillon (le Promeneur)
Une semaine de vacances, de Christine Angot (Flammarion) 

 

Anne Bert

 

Anne Serre, Petite table, sois mise !, Éditions Verdier, août 2012, 58 pages, 6.80 €


Note de la rédaction

Nous avons pris la décision de retirer les citations qui, nous le comprenons, peuvent être de nature à choquer. En revanche, nous ne changerons rien à la critique d'Anne Bert.

D'abord nous sommes un site de critique littéraire : parler d'un livre ne veut pas dire cautionner son contenu. Il n'en reste pas moins que le livre existe et qu'il est publié par un éditeur de qualité. 

Ensuite, critiquer Sade ou Drieu La Rochelle ne veut pas dire en faire l'apologie. 

Enfin, la littérature est avant tout la liberté d'aborder tous les sujets. Et ce n'est pas inciter à la perversion que de parler de ce type de livre.

Joseph Vebret, directeur éditorial


41 commentaires

« Anne Serre va certainement choquer les bonnes âmes, surtout dans le contexte actuel où l’on ne peut faire référence à l’inceste qu’en fustigeant l’acte et tous ses acteurs sans la moindre indulgence, à moins de passer pour une détraquée. »


Anne Serre va certainement faire plaisir aux dégénérés, surtout dans le contexte actuel où l'on tente de faire admettre l'inceste et la pédophilie en faisant passer l'acte et tous ses acteurs pour des individus opprimés par la si ringarde et liberticide Morale.

Nous voyons ce que vous voulez faire. Votre nom, celui d'Anne Serre et de vos partisans ont rejoint la liste prestigieuse des militants pro-pédophiles,
déjà bien garnie de vip en la matière : Lang, Cohn Bendit, Lévy, Mitterrand et le torchon Charlie Hebdo, etc.

Ce sujet ne saurait tolérer la nuance derrière laquelle vous vous cachez.





Tout à fait d'accord avec Marie. Je remarque, en outre, que pas une seule fois dans cet article on ne trouve le mot "pédophilie" alors qu'on touche là à la définition aussi précise que répugnante de la chose. A croire que cela procède d'une volonté malsaine et malhonnête d'occulter une réalité grave que vous tentez ici de faire passer pour bénigne. Bref, ce roman ne nous donne à voir qu'un symptôme de plus de cette époque d'inversion des valeurs qui est la nôtre. 

J'ai toujours eu du mal à comprendre comment on pouvait être psychologiquement névrosée et se prétendre écrivain...

Il y a du buisness dans le roman-pédophile!

Les propagateurs de ces immondices ont-ils conscience que tout ceci va très mal se terminer pour eux ? Comment ne pas avoir l'intuition qu'un jour, très prochain, les "bonnes âmes" vont devenir des loups pour ces dégénérés ?

Une information à donner à ces derniers : toujours le peuple supporte qu'on le bafoue, qu'on le vole, qu'on lui mente, qu'on l'exploite. Il y a deux choses que jamais, jamais il ne tolère : qu'on touche à son pain, et à ses enfants.

On y est.

Il y a déjà eu, dans les années 70, un "courant de pensée" qui voulait "dédiaboliser" la pédophilie. C'est maintenant une certains littérature qui s'y emploie. Gageons que - quelque soit par ailleurs les qualités du catalogue Verdier - que le législateur saura préciser ce qui est du ressort de la Liberté individuelle et ce qui est une incitation à un acte repréhensible

« Le sexe de papa faisait nos délices. Nous n’étions jamais assez rassasiés de sa vue, de son toucher. »

Le voici l'air du temps, chargé de toute la puanteur qu'exhalent les  viscères pourries, ces poches de fange qui emplissent les crânes de monstres langoureux comme Anne Serre ou Anne Bert ; L'une décrivant jusqu'à la jouissance les actes pédomanes, l'autre se délectant de les lire et de les chroniquer ... Le doigt entre les incisives et ailleurs.

Il fut un temps où ces créatures auraient été brûlées en place publique en compagnie de leurs écrits, un temps lointain et que, naïf, j'ai longtemps considéré comme barbare. Mais la folie furieuse, à bien y réfléchir, n'est-elle pas d'avoir cessé de faire taire les cendres ? Ces êtres, de toute évidence, ne sont plus, n'ont certainement même jamais été de notre monde ?
Il est évident que notre société contemporaine les laisse faire, et il serait aisé de penser qu'après tout elles ne sont et n'écrivent que la pensée commune, "tout haut ce que tout bas" ... Mais rien ne serait plus faux, plus criminel, plus abjecte que de penser cela, que de laisser cette désertion ne serait-ce qu'effleurer nos esprits encore, eux, emprunts d'une morale pluri-millénaire !
Ce sont, à la vérité, les gens comme elles, de Gabriel Matzneff à Jack Lang en passant par Cohn-Bendit, qui depuis près de 50 ans ont répandu leurs spores dans la société, l'ont amenée à abdiquer à grand renfort de mensonges et de manipulations. Puisque l'ennemi, nous, aime tant présenter son autre joue, pourquoi se priver : Modeler et déstructurer, avilir, dégénérer ... "Tout bas" ne bougera pas, et s'il le fait, il aura le mauvais rôle, celui de l'inquisiteur !

Mais "ce que pense tout bas" n'est pas cela. "Tout bas" enrage, attends que reviennent les brasiers ...  Et ce temps viendra bientôt tant ses dents n'en peuvent plus de crispation et de couloeuvres vérolées !
Le temps viendra ... de remettre le feu aux flammes !

Cette immondice est bien la preuve que le vrai problème dans les débats actuels n'est pas de savoir si oui ou non un hétéro ou un gay élèvent le mieux des enfants. Le vrai problème, et finalement le seul, c'est le Bien d'un côté, et le Mal de l'autre. L’Être humain dégénéré peut sans doute, et malheureusement s'habituer à tout, nous le voyons bien actuellement, mais alors il faut combattre, non pas contre des individus, mais pour un Principe. Cette écrivain n'est visiblement pas dans le même camp que le mien. En tout cas le projet est clairement énoncé.

Que ce soit par la justice humaine ou par la justice divine, tôt ou tard, nous rendons sur les actes de notre vie. Votre chemin est déjà tracé...

Le prétexte littéraire, puisqu'il ne s'agit ici que d'un prétexte, permet à cet "auteur" de vomir joliment sur les valeurs morales et familiales.
Anne Serre participe ainsi de l'infiltration pernicieuse du Mal, de la corruption des repères.
La critique est aussi effrayante que le livre critiqué : fascination, excitation, fausse nuance, vrai parti pris et aucune analyse de fond ni de forme, juste une mielleuse validation de l'injustifiable.

Le principe est toujours le même quand il s'agit d'inverser les valeurs : un bel emballage, de beaux mots...mais la puanteur reste la puanteur!
La pédophilie reste la pédophilie!

Vous et l'auteur rejoignez effectivement la liste déjà bien trop longue des pro-saloperies, des dégénérés convaincus d'être propres et tolérants.

Ouvrir la porte à tout et n'importe quoi et ne pas souhaiter la refermer : un bien mauvais choix que celui-là.

Ce qui manque ici je pense c'est de la distance critique avec le sujet. Qu'on aime l'érotisme, qu'on en lise est une chose. J'ai feuilleté sade et jacquelynn susann, très bien. Ici par contre, on parle d'inceste et de pédophilie. Je ne suis pas un accroc des combats moraux mais c'est insoutenable tout de même de lire : « Le sexe de papa faisait nos délices. Nous n’étions jamais assez rassasiés de sa vue, de son toucher. » C'est une véritable horreur! et le ton de la critique laisse apparaître une tolérance, une fascination qui ne peut que choquer le lecteur le mieux disposé.