Les "Cibles" d’Annie Le Brun & Gilbert Titeux accompagnent l’expo du musée de la Chasse et de la Nature

Jusqu’au 31 mars 2013 le musée de la Chasse et de la Nature (62 rue des Archives – 75003 Paris) accueille une drôle d’exposition. Présentée dans le cadre de Croatie, la voici (Festival de la Croatie en France). Car en juillet 2013 l’UE accueille la Croatie en son sein. Et c’est par la nature énigmatique de cette exposition que l’on invite le public français à mieux faire connaissance avec ses nouveaux futurs amis… Elle évoque en fond une tradition populaire née en Croatie au cours des siècles passés mais jamais parvenue jusqu’à nous…

 

« Objets subversifs d’une pratique sociale élitiste développée par les sociétés de tirs, les cibles peintes croates témoignent d’un art de vivre et d’agir. L’accrochage redimensionne cet usage dans une arborescence internationale et explore aussi bien les pratiques et inconscients collectifs que l’imaginaire à l’œuvre dans chaque créateur. »

 

L’œuvre est conçue pour être détruite. Ce qui témoigne d’un étonnant rapport à la pratique artistique. Mais qui expliquerait une certaine idée qui se développe au sein de la création contemporaine. D’où l’idée conceptuelle de cette exposition. Une cinquantaine de cibles anciennes, issues pour la plupart des musées de Croatie, sont mises en opposition avec des œuvres récentes. Toujours en rapport avec la cible, bien entendu… Jasper Johns, Stephen Dean, Camilia Sposati… D’autres marquées d’impacts (Lucio Fontana). Certaines en rapport avec l’acte du tir (Niki de Saint Phale, William Burroughs, Anne Deleporte)…

 

Je t’aime moi non plus. Serait donc le thème caché de cette exposition ? De ce concept qui veut que l’on tire sur ce que l’on aime. En l’espèce un tableau ?! Chocking ! Quoique. C’est super excitant. Et sexy. J’en tremblerai de plaisir si on m’offrait l’occasion. Flécher un Latour. Perforer un Soulages. Miam miam… Moi qui n’est jamais… D’ailleurs ma cops Niki de Saint Phalle s’est engagée dès 1960, elle. Dans une approche pour le moins ardue de l’art. Vous n’avez qu’à jeter un œil sur Portrait of my lover. La cible a remplacé le visage. Rien de moins, rien de plus. Est-ce une forme d’offrande ? Y’a-t-il là une expression profane et bourgeoise ? Est-ce psychanalytique ? D’ailleurs, l’image vouée à la destruction n’est pas repoussante. Allez savoir pourquoi… Mais si voyons. On ne tire pas sur la mort ou sur le diable. On tape sur ce que l’on désire le plus au monde. Masochiste alors ?

 

Nous sommes ici au cœur de l’art populaire. Et les œuvres des sociétés de tir confrontées aux créations contemporaines explorer des thèmes cachés. Surprise au détour d’une flèche. Sens caché. Le chemin est pavé de mauvaises intentions. Mais le plaisir perdure cependant…

 

« À travers le motif de la cible se pose la question du regard du prédateur. »

 

Annabelle Hautecontre

 

Annie Le Brun & Gilbert Titeux, Cibles, 100 illustrations en couleur, 200 x 250, Gallimard janvier 2013, coll. "le promeneur", 144 p. – 30,00 €

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