Jacques Floret : exercices de nudité

Jacques Floret n’est pas toujours très sage. L’illustrateur pudique se tourne parfois en sacré garnement. Au besoin et au pire « Maman » en fait les frais. Tout commence bien mais en dépliant les images les choses se gâtent…  Il y a soudain une manière noire et rouge de montrer son  corps. Certes la douceur est dedans. Mais autant de  violence à la montrer ainsi. Néanmoins le voyeur est ravi. Il en redemande.

 

Chez l’artiste les portraits en coupe ou en pieds sont serrés  Rien ne grouille en second plan. Demeure l’avancée du corps en tant que  « lieu » étranger. Non qu’il soit inconnu mais  il reste trop lointain pour celui qui tournant les pages l’appelle de ses mains. L’artiste sait retenir son élan. Surgit un déchirement de la nudité par la fixité des regards et la précision des trais. Un gémissement en émerge, à peine audible, comme le feulement d'un coyote dans la nuit. Le corps reste un désert. Le noir est son abyme - sa clairière aussi. 

 

S’y  cherchent le derrière et dedans des instants de nudité volée. Chaque livret devient un cabaret, un show-room mais sort du cliché. Sous la futilité demeure la profondeur ironique. On comprend que - comme chez le Rembrandt dessinateur - l’art de Floret n’est pas “ italien ”. Il l’ouvre néanmoins à une joie nécessaire face au quotidien. Chaque portrait dans la simplicité de ses lignes possède une fantasmagorie troublante au sein d’un effet de rupture drôle et allégorique. La joie et la douleur, la femme et le moteur font de l’homme un porc. Mais épique ce porc.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Jacques Floret, « Maman » et « Cars and Girls », Derrière la Salle de Bain, Rouen.

 

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