Stéphanie Mackenzie : danse avec les louves

 


 

Stéphanie Mackenzie cultive l’audace par exercice d’énergie. Elle se réfère souvent à une vision cinématographique afin que sur l’écran de la toile les visages et des corps construits sur des mouvements plus que des assemblages, créent une narration picturale qui frétille entre abstraction et figuration. Le pouvoir consolant ou excitant du corps féminin ne se réduit pas à ceux de l’imaginaire orthonormé. Sous prétexte des délectations salutaires et de plaisirs salaces l’artiste trouve qu’il y a loin de la croupe aux lèvres.


Devant tous les assoiffés qui collent les leurs aux bords de tasses athées  les figures féminines claquettent en talons hauts pour faire boiter ces voyeurs. Il est fort à parier qu’ils aimeraient tomber dans les beaux draps que la plasticienne feint de repasser pour les recevoir. Mais l’intime figural est caviardé par toute une abstraction  où l’imaginaire trahit les attentes véristes. Redresseuse des fils tordus des pensées salaces Stéphanie Mackenzie  renvoie à des articulations inattendues au service d’une poésie qui fait de la narrativité du réel une fiction  phosphorescente.


L’artiste appuie discrètement sur la région du cœur des femmes. Celui du lecteur peut encore parfois brûler les flammes de l'enfer à l’évocation explicite de la raie naissante dans l’échancrure salace des chemisiers des Daisy désirables. Mais il n’est plus question de s’accorder au diapason des concepts acquis de la séduction. Le déplacement des images vers l’abstraction  modifie l’exhibition du féminin par la mise en exergue d’énigmes et les chausse-trappes. Les Princesses de Clèves Cœur de l’artiste échappent au rendez-vous des attentes masculines. Touchant à l’abstraction l’artiste émancipe la vision de l’érotisme. Il y a là à la fois le génie de son lieu et la hantise du non-lieu.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

                                      

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