Charles Weber : loin du monde, dedans

 


 

Le temps imprime toujours des verdicts dont on  ne sait rien encore. C'est pourquoi l'œuvre de Charles Weber  navigue entre un deuil et un désir. Ses photographies deviennent une série de tableaux qui sont le corrigé du temps plus ou moins revenant De reprises en reprises le Genevois donne au monde une peau là où êtres et lieux deviennent pourtant des fantômes.  Autour d'eux louvoie  une forme de volupté  dans des trous de silence que le vent tente de combler. De fait seule la poésie particulière de la photographie y parvient. Elle fait résonner la présence des êtres ou la vibration de lieux à la mélancolie particulière : celle où ne peut se reconnaître ce qui a été perdu.

 

Demeurent des volumes, des silhouettes, des arêtes. Se sont des rappels du temps en un présent éternel - un présent sans passé même si tout porte vers celui-ci par effet de ruines.  Mais l'homme rêve de disparaître, de disparaître dedans. Comme s'il trouvait là une morphine apaise la douleur. Qui tient lieu en effet de lui si ce n’est elle ?  Ici la joie n'est pas la joie, la douleur n’est pas que la douleur. Aspiration intime, dépouillement absolu restent ce que nous rencontrons dans une œuvre qui ne laisse jamais hors-jeu l’attention des sens.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Charles Weber, « Lightscapes » 2000 – 2013, 22 mai - 30 juin 2014, Galerie Patrick Cramer, Genève

 


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