Hans Scharer féministe et réconfortant

 

Scharer s’amuse à mystifier les mâles et « en remettre » quant au mystère de l'incarnation féminine. Pas question pour lui de faire comme Saint Thomas d’Aquin : à savoir  rappeler « l'homme aux choses spirituelles par le mystère du corps ». Ne proposant pas de distinguo  (toujours plus ou moins spécieux) entre ce qui est féminité  et ce qui est Femme il introduit la mutation de la mutation.  Imaginer n’est pour lui jamais restreindre  mais développer la fièvre du corps dans des fêtes païennes où l’homme n’a que la portion congrue face aux voluptueuses gorgones. La femme est fée perverse et il y a belle lurette qu’elle est sortie de sa chrysalide.


Dentelles mais plutôt nudités, remous, fragrances, ailes du désir et de libellules, avoine blonde, brune lavande, neige rose tout y est afin que ses plantureuses et pulpeuses sylphides se chargent de plaisir. Pour Schärer (qu’on a trop longtemps réduit à un peintre de l’art brut)  il s’agit d’agrandir le royaume féminin et de retenir l’éclat de celles qui dispensent leurs feux, qui séduisent en apprivoisant de manière utilitaire par leur beauté plantureuse  le mâle. Si elles s’en remettent à lui pour leur propre jouissance celui-là ne connaîtra que l’avalanche même si dans son corps il se doit d’assurer l’Ascension incarnée. Amen.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Hans Scharër, « Aquarelles érotiques », 25 avril au 13 juillet 2014, Centre Culturel Suisse, Paris

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