Mrzyk & Moriceau : lapins levés sans oreille
Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau ont décidé de tracer leur route ensemble. Leur esthétique est simple : « One drawing a day keeps the doctor away ». Ces lanceurs d’alertes alertes font dans l’euphorie éjaculatoire afin de transgresser l'image comme l’existence. Les compères font de leurs dessins des matières de rêve (plus que des ex-votos) capables d’approfondir de petits bonheurs de l’artiste. Le dessin joue sur la séduction de la séduction : il offre une effraction de la conscience perceptive et traite de la sphère la plus intime comme de la plus enfantine et montre comment un autre moi s’inscrit dans le dessin et comment le dessin s’inscrit dans ce moi altier. Les deux artistes par la nudité (à tous les sens du terme) du graphisme font remonter des énigmes. Un ignoré du corps est rendu visible : non seulement la façon dont le corps parle le désir (qui n'est plus un "simple" désir sexuel) mais la façon dont le corps exposé parle au regardeur. Il n’est plus le voyeur prisonnier du leurre de l'identification car par le dessin la machine à fantasmer fonctionne à vide ou « pour de rire ».
Les liquettes restent au clou et des seins sur le sable. Il y à là des verges et dessus de petits bedons. Cliquetis de boules, glissement maritime de phallus, rires et torpeurs et avis de tempête aux mateurs. Thalassa, viandes belles s'étalent selon des femmes épinglées et cabrées dans leur régime. Ça fait des oh, des ah. Les groseilles à maquereaux font trempette. Alma mater, dolor Rosa. Des reins éreintants ruissellent, moutonnant de centres et d'antres et de divers doigts. Toisons, coquillages, fessiers et soieries à poissons sable aux nœuds tout est là. Au bout c'est arrondi. C'est l'il. C'est en nylon. C'est oui ?
Jean-Paul Gavard-Perret
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