Kosta Kulundzic : « faut qu’ça saigne »


Kosta Kulundzic passe avec délectation du registre de la « pure » littéralité à celui de la fiction à travers les personnages qu’il met en scène. Les femmes y reprennent le beau rôle. Elles sont les agissantes dans les meurtres qu’elles fomentent ou contemplent. L’artiste offre une lecture iconoclaste de l’histoire du monde et de la peinture. Il  lutte contre les idées reçues par sa capacité de penser en marge et de penser les marges.  Et parce qu’une des premières difficultés, devant la situation d’abondance de l’offre culturelle où nous nous trouvons aujourd’hui, est de se laisser submerger par les images toutes faites l’artiste refuse d’être guidée par leurs idées reçues. A travers ses « reconstitutions » il reconstruit le monde selon ses propres règles en fonction de sa curiosité, de l’élan qui lui est propre, de son  inquiétude, aussi.

 

Kosta Kulundzic revendique une subjectivité qui peut parfois choquer. L’artiste s’en moque : il montre combien certaines figures sont abandonnées à une solitude irréductible. Et peu d'artistes donnent une idée aussi immédiate de la liberté iconoclaste.  A travers son  travail il fait de la morale en la tournant en dérision. A ce titre il est proche des libertaires (et non des libertins) qui firent de la liberté le risque même de leur idéal. Et même s’il sait que la liberté n'est qu'un leurre, un mot propice aux bouffées d'imaginaire et aux élans trompeurs,  son travail fourmille de paradoxes stimulants mis en exergue par son goût du détail, de la couleurs et de scénographies qui dépotent par leur fulguration.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.