Gao Brothers : le degré zéro de l'art chinois contemporain


L'œuvre des Gao Brothers (Zhen et Qiang) n'est pas exempte de malentendus : s’y glisse tout ce que l'art chinois réserve depuis quelques générations. D'abord une énième dissertation plastique sur la représentation de Mao et autres dictateurs. Elle est certes drôle mais sans grande nouveauté : le Grand Timonier en Bouddha assure une certaine notoriété facile. Empruntant à l’art de occident ce qu'il a de plus up to date  les frères cultivent des assemblages plus décoratifs qu'intenses. Si bien que l’œuvre (si œuvre il y a) confine vers une platitude où les citations implicites abondent.

 


Sans leur nationalité les frères Gao n’auraiant droit à un tel succès.  Souvent en un monument de poncifs la seule dramaturgie qui émerge hésite entre plusieurs styles. Ces derniers ne permettent pas d’échapper à l’attraction du vide, du creux. Dérives et chutes segmentent une approche décorative sauf pour les amateurs d'images reconnues.  L'œuvre prouve que contrairement au cochon, tout n'est pas bon dans l'art chinois. Elle peut même servir d'exemple a contrario, de repoussoir et de référence zéro à tous ceux qui veulent pénétrer l’univers de l’art de la Chine contemporaine. Il ne réenchante pas forcément le monde, tant s’en faut. Et la distance qui impose à la vue une certaine étrangeté et un insaisissable implique un quant à soi et demande de raison garder.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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