Pour Julian Feeld la nature n’est rien sans
la présence humaine : « On
me montre une image sans la chair: elle est neutre, j’arrive à la voir comme
elle est. Mais dès que l’on y place une forme humaine, une démarche
émotionnelle se met en place, et le sentiment de base est tronqué. C’est aussi
ce que je veux montrer.» précise l’artiste. Le corps
est donc intégré aux œuvres même s’il y demeure travesti ou caché, bref visible
de manière tronquée. Pour créer ses photographies l’artiste utilise des modèles
de rencontre et qui accepte de poser nu. La nudité est une thématique qui est
devenu un véritable leitmotiv esthétique de ce travail qui débute donc par des
sortes de « shootings /
happenings » qui servaient à l’origine de flyers pour les soirées
organisées par son label techno « deBonton ». Tout se joue dans une
entreprise esthétique assez « dark » à fort relent sexuel mais dans
lequel est crée une unité entre l’état de nudité et celle d’intégrité humaine même
si ce lien désormais est éloigné des
préoccupations de l’artiste.
Dans de
telles scénographies jeunes femmes et hommes orphiques
poussent la porte dérobée du monde. L’artiste les fait pénétrer dans des royaumes d'ombres avec lesquels les
corps entrent en « hymen ». Par effets de dentelles baroques et en un
infini des formes rien ne se détache véritablement
si ce n’est ce corps dont les traces parfois indicibles sont visibles au cœur
de l'écoulement des lieux. Elles persistent tel un filet, d'un fleuve qui
enfle, déborde dans des pâleurs automnales. Surgissent des labyrinthes optiques où le regard s'attarde. Il
perce des serrures minuscules, creuse le plâtre de la nature qui s'écaille par
la présence des nus. Lentement ils la soulèvent ou s’y abandonnent. Surpris par
la nuit, courant sur le sentier, coupant à travers champs de tels corps plus ou moins camouflés et aux beautés
polyphoniques ouvrent des frontières à un espace qui ne se referme plus.
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