Sophie Van Saltbommel : tout est bon dans le jambon

Sophie van Saltbommel est une artiste des plus iconoclastes. Elle fait passer de sales quarts d’heure métaphoriques à toute une ménagerie. Elle met en morceaux et en scène bien des animaux. Cerfs et cochons y tiennent un grand rôle même s’ils n’ont pas l’exclusivité  de la bouchère ou charcutière belge. Dans des mixages rococos de l’animal et de l’humain, l’artiste déforme le corps selon diverses combinatoires de matières. Il y à là tout un jeu de la mort et de la vie selon un humour dévastateur où la majesté des arts et de la statuaire prend un sacré coup dans l’aile, le gigot et le croupion. Peut se découvrir la vanité des vanités selon une insolence farcesque. Néanmoins Sophie von Saltbommel paradoxalement porte le coup de grâce à une culture de l’agonie : elle en précipite la fin ( c’est ce qu’on appelle soigner le mal par le mal) et propose un recommencement : la créatrice n’a pas qu’un cadavre sur les bras mais l’avenir devant elle.

 

Fabuliste à sa façon elle accouche aux forceps et à travers les animaux le mal des mâles qui les dévorent. L’ogresse exorcise de manière sarcastique leur bestiaire intérieur à travers ses « monstres » enrubannés, découpés, etc. avec parfois des assemblages de cuir, de fer et de bouts de ficelles. La créatrice situe son travail non dans le psychique mais dans le symbolique. Ce dernier est lui-même révulsé dans un réalisme comique constitué de totems sans tabous d’une imagerie transgressive.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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