Les fraises de Dagada

Le graphisme et les images recomposées d’Alfonse Dagada sont des plus revigorants. Le kitsch lui-même est revisité en diverses importations et altérations dans un expressionnisme astucieux et jouissif. L’image du modèle de base se voit renforcée de proliférations intempestives. Objet du désir, la femme - plantureuse, appétissante -  semble se moquer du voyeur. Mama et putain, se défaisant de ses oripeaux, elle devient la captive captivante.  Elle laisse l’être au bord de ses vallons et de ses précipices en une métaphore aussi drôle que discrète d’un strip-tease dégingandé.


Alfonse Dagada mêle l’ordre au désordre, la monstration presque monstrueuse à une forme d’oblitération. Reliant ce qui est avec ce qui  n’est pas l’artiste crée une poésie ironique où le calme s’enfonce en tendres épines pour connaître ce qui ne se cache même plus sous des  jupes. Le seul habit est un manteau de visions érotiques. Ces dernières sont (à peine)  bloquées par des écharpes de noire silice afin de ponctuer leur lexique plastique. Certes les clitoris de silex rouge demeurent cachés. Mais le « mal » - si l’on peut dire - est fait et le mâle refait. Restent bien des bijoux d’ambre en des fresques farcesques où les fraises des femmes sont à consommer sans date limite de fraîcheur.


Jean-Paul Gavard-Perret


Alfonse Dagada La Q.S.P. – 112 Avenue Jean Lebas, 59100 Roubaix

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