Tatsuo Suzuki voyeuse de l’ici-même là-bas
Des jambes semblent enrobées d’elles-mêmes mais ne possèdent plus de bouclier. Dévoreuses et dévorées leurs Lolitas restent à peine des enfants de l’amour. Leur printemps semble une posthistoire. Leur bateau ivre semble chavirer. Exit les Lilith en parades au bras de fiers samouraï gothiques. Les adolescents d’aujourd’hui semble les déshérités de l’absolu règne de l’argent et du paraître en dépit du « rang » que parfois ils tentent de tenir. Mais pas toujours.
L’appétit d’aventure n’affame plus raison ou déraison. Du système indomptable de la société de consommation les personnages de Tatsuo Suzuzi voient le piège se refermer sur eux. Leur courage ou leur insouciance affichés cachent leur peur et leur désillusion là où la vie ne cesse d’être présente dans un immense poème visuel vériste en noir et blanc. Sa narration devient ce qu’on veut ignorer encore afin de préférer à la douleur de la nuit la splendeur du jour.
Jean-Paul Gavard-Perret
Tatsuo Suzuki, "En marchant dans les rues de Tokyo", Editions Corridor Elephant.
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