Antony Micallef : Hybrides-éros

 

Anthony Micallef se voudrait l’ogre maître de cérémonie. Mais pas question pour lui d’apprendre le morse aux roses rosses qui à petit pas s’approchent ou deviennent des flambeaux traversiers de l’éther. On pourrait les juger nubiles et innocentes si ce n’était ce qui les travestit. Impossible de les séduire : leurs carapaces les rendent inaccessibles. Dans leur habit de gloire les toréadors eux mêmes n’en viennent pas à bout. Et nul marin grec  s’aviserait de les faire grimper à son mat de cocagne. Ce sont des mouettes moqueuses. Du blanc brode leur robe. Mais de telles Vénus de marbre écrasent, tel un avorton, sous leur piédestal, celui qui viendrait s’y percher. Elles restent néanmoins des variétés de fleurs qui guérissent tout. Leurs pétales ont une chair blonde. Nul orage ne les enflamme en dépit des éruptions d’amour. Elles sortent d’où viennent les serpents mais n’y retournent pas - n’en demandant pas tant. Le diable avec sa fourche et ses oreilles acérées comme la langue des brebis dans le champ d’émeraude les laissent indifférentes. Elles préfèrent l’encens du silence à la soie des regards. Miroirs invaginés ce sont aussi des fourmis dans la neige. A l’articulation du jour elles arrachent la page de garde humide de rosée.  Sous une peau de gamine se cache une vache ou une carpe grise.  Dans le bocal sur un buffet, celle-ci a beau ouvrir la bouche elle ne laisse rien entendre. Ce rien monte à la surface où les bulles du rêve crèvent. 


Jean-Paul Gavard-Perret

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