Effeuillées roses et gouffres de Julie Perin

Un ange agite les silhouettes de Julie Perin. Il les tire par les pieds.  Ogre ou non ; l’artiste lui ouvre les yeux pour le guérir.  Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous,  Pour les jeunes femmes de la créatrice -  elles  furent il y a peu enfants - il n’y a peut-être de rivage qu’en pensée.  Restent toutes ces chutes de rose qui les laissent encore parfois fleurs nées de l’espace, ondées de grâce afin qu’elles fassent encore  partie du futur même si du dessin à la peinture le monde s’assombrit. Mais un  souvenir troue l’éternité. 


Il ne montre  pas à l’ogre le chemin mais laisse monter une voix,  tisse l’absence sur le sable.  Au loin  les voiliers voguent texture au vent. Les jeunes femmes cherchent l’abri en leur terrier. On voulut leur retirer la langue,  elles la tirent comme l’escargot.

 

A leur naissance, chaleur accablante selon les experts. Mais erreur de pronostic quant à la température.  Un intrus brouilla les cartes qui donnait l’atout.  Il n’empêche : depuis l’enfance Julie Perin  déduit du présent le passé suppléant les silences par ses dessins et sa peinture.  Les deux germent dans sa tête, s’engendrent d’un amour fou pour une certaine douceur et contre la violence.   Sur le sable fantôme les enfants se rêvent encore reines mais n’en disent pas mots. Les répliques elles les gardent pour elles - même si elles s’enchaînent dans leur esprit. Elles ignorent pourquoi les autres parlent, toutefois ça donne un air de fête. Leurs paroles dansent sur des fils avant de  s’envoler comme des oiseaux que le vent emporte avec leur  gémissement de plaisir. Néanmoins ils redoublent de virtuosité lorsqu’ils restent cachés dans la glycine. Le ciel bleuit de les entendre triller comme si cet air lui était destiné.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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