Mona Kuhn à cache-cache

 

Les nus de Mona Kuhn jouent de la lumière et de l’ombre. L’innocence des vestales  se « dit »  par les jeux de l’exhibition et leurs équivoques qui selon Lacan font le lit de la jouissance. Les incrustations d’ombre sur le corps le maquillent afin de créer de paradoxaux interstices. Ils introduisent des pièges propices au glissement de l'illusoire vers le mental car Mona Kuhn utilise la perception visuelle afin de développer un dérangement optique et de déplacer le centre de l’émotivité visuelle vers  une épaisseur cachée. Si l'imagination puise exclusivement dans l'expérience rétinienne, cette dernière devient une forme de poésie à l'état élémentaire qui  met en miroir ou en abîme l'organique et le mental.

 

La photographe propose un fabuleux théâtre en tant que sublimation de la réalité. Cette dernière en demeure la scène mais ce qui en reste est mis au service d'une dérive vers quelque chose de plus passionnant. La créatrice exhausse l'art vers un certain absolu formel. Le réel est transfiguré non par outrance baroque mais par réduction ou condensation car c'est toujours par le moins qu’on touche le mieux.  Les séries de Mona Kuhn deviennent des moments rares enfoncés dans les idées reçues. Le nu se met à bouger. Le réel s’ouvre, se laisse écarter par un oeil reculé, un œil physiologique, un œil cosmique animé d’une impulsion qui accorde à la femme l’empire du sens.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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