Takato Yamamoto et les belles indifférentes



Avec Takato Yamamoto l’art ignore le cri au milieu des messes noires des amours illicites Le sexe et la violence sont gémellaires mais imbriqués avec douceur. Les scènes de bondage ou de blessure  échappent au réalisme. Tout est baigné de poésie et beauté évanescentes chères à l’esthétique “Heisei”. L’artiste Nippon dépeuple la violence effective pour lui donner une vision où le mal est fait sans honte et dans l’indifférence de la victime et du bourreau - même si de tels mots conviennent mal aux couples féminins. Ciel et ornières de leurs démons les obligent à des poussées et des stupéfactions froides.

 

Rares sont les œuvres aussi délivrées des verrous de brume. Les corps semblent coulisser dans la viscosité du mental comme s’il s’agissait du Castrol de l’âme. L’innommable s’habille d’illusion. L’inverse est vrai aussi. Tout cela tient d’un mystère que l’artiste ne tente pas de  circonscrire dans l’ensemble de ses crucifixions et ses retournements du morbide que l’artiste souligne avec pudeur. Reste l’énigme de ce qui a jailli. La femme s’est accouplée à sa déesse tombant autant vers le haut que vers le bas en une projection vers la nuit sexuelle, le retournement natal. Holderlin et Quignard, paradoxalement, ne sont pas loin.

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

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1 commentaire

Belhajilali

Hölderlin trop materné , pasteurisé  , fasciné par la percée de la pensée cognitive kantienne et imbriqué dans le " trèfle " allemand n'aurait pas eu l'accès suave , limpide et noble de l'interprète JPGP qui voit en excellence la pureté innée  de la grâce  Takato .