Anja Niemi : de l’anecdote à la fable
Jouant d’une sorte de dédoublement
de la personnalité interprété par un même modèle incarnant deux femmes prises
ou éprises de fascination et de répulsion l’une pour l’autre, Anja Niemi
réinterprète l’histoire d’une esthéticienne de luxe de la fin des années 50 : Darlene.
L’artiste a situé sa scénarisation dans le désert californien de Mojave. La
densité aérienne de ses surfaces ouvre des profondeurs où rien n’est traité par
le tragique mais la légèreté.
Douleur et joie "jouent" (entendons ce verbe ici dans le sens qu'une porte joue) selon les mises en scènes des deux silhouettes gémellaires ("Darlene & Me") en diverses situations ludiques ou non. Il faut simplement suivre le cheminement, le balisage d'étapes de ce road-movie. Certes, il patine et fait du surplace. Mais il trame un agencement ou plutôt un rituel - sans quoi l'art n'est rien - qui n'est plus simulacre mais une révélation. Néanmoins tout reste sous forme d’énigme. C’est aussi beau, drôle que délicieux.
Jean-Paul Gavard-Perret.
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