Ikenaga Yasunari : tout portrait est légende


 

Il y a du Egon Schiele Ikenaga Yasunari. Mais un Schiele apaisé et doux. Tout chez le Japonais est flottant à travers une technique et des pigments particuliers propres à suggérer une volupté douce qui poursuit la tradition de la peinture Nihonga à laquelle l’artiste amène une touche moderne à travers les vêtements de ses modèles. La beauté est mélancolique mais juste ce qu’il faut. Dans ce travail de  patience Ikenega Yasunari  tente de saisir l’essentiel de l’éphémère. Dessiner et peindre n’est pas donner du ressemblant à tout prix, c’est lâcher prise pour atteindre une essentialité.

 

L’art est donc bien un exercice de patience. Le quotidien est là mais prend néanmoins un aspect discrètement suranné.  Le trait est vif, précis, incisif. En ce sens l’art est autant une matérialisation d’abstractions, qu’abstraction de figurations. Ce n’est pas la simple reproduction d’une ressemblance qui l’intéresse car ceci ne serait que mensonge. L’ambition est autre. Plus profonde. La ressemblance manque de don et d’abandon. Bien sûr il faut un minimum d’exactitude documentaire, mais le dessin s’écarte de cette donnée basique pour devenir projection mentale d’émotions et visions. Preuve que tout portrait est imaginaire, est une légende. Sans quoi il n’est rien. 

 

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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