Igor Samolet et les dérives


 

Le photographe russe Igor Samolet s’est immergé pendant trois ans (2011-2014)  au milieu d’une bande d’adolescents sans projet et proches d’une forme de clochardisation dans une petite ville de province russe où le photographe avait fait ses études. Intitulée ironiquement « Be happy » sa série montre le délabrement autant de ces jeunes que la société qui les génère. La drogue, l’alcool, la violence et la débandade ponctuent un travail sans concession.

 

Quoiqu’utilisant de gros appareils (les reflex Nikon D300 et D700)  le photographe n’a pas gêné les déambulations de ceux qu’il accompagnait.


Samolet s’est d’abord intéressé à leurs mouvements, aventures et actions. Puis il a glissé vers la capture de leurs émotions sans concept préétabli. Proche de l’esthétique de Tierney Gearon et Nan Goldin, touché par les abîmes de cette jeunesse il s’en est rapproché  non sans tendresse. Paradoxalement ce travail devient une forme de résistance à tous les enfermements et les captures. Elle ne cesse d’ouvrir les champs des possibles là où, dans une atmosphère néopunk, tout demeure bouché et glauque.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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