Dehors, dedans : Lynn Saville « Dark City »

 

 

 

Lynn Saville saisit New-York et d’autres villes américaines selon des perspectives très particulières qui sortent des sentiers battus non par leur angle que par ce qu’il embrasse. Dans de telles prises les cités sont vidées de leurs habitants comme pour souligner un ordre de crise : la ville devient un fantôme. Les ombres y règnent avec ça et là de simples outils (échelles par exemple). Si bien que le décor tourne pour laisser visibles que des espaces vides.

 

La photographe (dont le nom lui même serait un régal selon une perspective lacanienne) insère en filigrane des connotations sociopolitiques en des compositions à la force poétique indéniable. Se diffuse une vision déstabilisante, y compris de la publicité. Existe là ce que N.J. Woo nomme des « disapparitions » tant l’univers qui est donné à voir se met à  "inconsister". Ce travail reste de l’ordre d’un maniement calculé. Lynn Saville  fait surgir des objets-images qu’elle place et ordonne mais en prenant soin d'éviter l’entrée en jeu d’un signifiant-maître. La "sublimation" travaille donc à partir de la perte. L’œuvre cadre la béance de divers type de « paysages » urbains. Un imaginaire de lumière noire joue contre les images habituelles qui tendent à notre décomposition au nom de ce qui - dans leur cas-  n'est qu'une impasse de la jouissance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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