Sue Rynski aux sources de la musique rock-punk

Sue Rynski née à Détroit vit depuis quelques années à Paris. Elle présente à la Galerie Stardust ses photos de la scène punk rock de sa ville d’origine avec Patti Smith,  les musiciens du MC5 et des Stooges après que ces deux groupes soient dissolus et dans leur groupes subséquents, fin des années 70 : Sonic's Rendezvous Band, Destroy All Monsters et Gang War. Elle photographia aussi les Ramones, Iggy Pop, Dead Boys et bien d’autres. A peine sortie de son école d’art l’artiste entrait  dans le mouvement rock-punk et underground avec ses amis du groupe « Destroy all Monsters ». Elle y développa le style qui lui est propre. Se retrouve dans ses photographies une énergie rare, un souci graphique, pleine de joie, de puissance et de sensualité.

 

De telles images  ne  se quittent pas : elles médusent et non seulement par leur référent. Elles traversent le regard de leur  magie. De tels portraits sont des romans, un cinéma muet  au sein de la musique. Ils sont les réponses "militantes" de l’underground américains. Les artistes y sont vivants avec leur âme et leur violence. Cela a un nom : c'est l'existence. Sue Rynski efface tout lustre. Tout monde surgit de l’ombre il n’a plus rien de brillance superfétatoire.  Les espoirs « adolescents » sont présents, les vieilleries de strass sont effacées. Nous errons soudain au milieu de junkies, de rockers punks. L'intimité est rendue à une sorte de nudité. L'artiste donne à voir le travail de sape que produit parfois la vie ou surtout ce qu’elle fait éclore. Plus personne ne joue de rôle. Les êtres prévalent sur les rock-stars.

 

L’image n’est plus abassiale, ce n’est plus un  produit de "cour" – sinon celle des miracles. Le concept de féminité se retrouve aux antipodes du charmant, du décoratif. Il s’inscrit au crédit d’une littéralité qui interroge au plus profond une contre-culture devenue culte. Chaque photographie soude l’invisible au visible, l’évidence au secret : l'effet de vérisme préserve une "poésie".  Chaque portrait reste indifférent aux voyeurs qui le regarde là où le noir et blanc est plein de clarté.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Sue Rynski, « Because the Night" la Galerie Stardust Paris, octobre-novembre 2015.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.