Patrick Gomme : anagrammes du corps


« Démembrés » ou plutôt parcellisés les corps des femmes relèvent d’une approche qui se dégage d’une vision simple et carrée du « nu ». Sans aller jusqu’à une destruction à la Bellmer ; Patrick Gomme prouve combien il est possible de proposer des corps qui ne correspondant pas forcément aux critères en vigueur. Les photographies font oublier une idée reçue et prouve que l’éros après l’anorexie est aussi plausible que la vie après la mort.

 

Dégagé de son statut d’artefact, le corps vit ce qu’il est et qui il est. L’artiste crée pour lui un langage secret. Il peut prendre la figure de lipogrammes plus que de liposucions. Le nu cache ce qu’il montre loin des ambiances et situations stéréotypées en faisant jouer le désir de malléabilité d’un nouveau corps. Patrick Gomme exerce une poésie nouvelle dans la « Rose au cœur violet » chère à Nerval. Eclatent bien des mystères au milieu des rébus ou puzzles du corps. Tous sont à résoudre avec obstination, la joie reste fiévreuse en ce qui se veut l’inépuisable désir.

 

L’imaginaire ose des déformations salutaires là où le créateur ne joue pas les voyeurs. Parlons plutôt de voyance grâce à un œil reculé, physiologique. Il pénètre le ventre du destin dans un paquetage figural langoureux. L'idée n'est pas d'érotiser ce qu'il y a dedans en une  représentation du fantasme. Tout s'articule selon une circulation dont seule le photographe possède sinon la clef du moins la maîtrise. Mêmes plus « lourds » les corps ont des ailles et le visage une bouche de cratère. L'art s'engouffre en un tel anneau de feu.  Il faut la lenteur pour aller aussi loin. Et parfois la vitesse.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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1 commentaire

Oui,ok,tous contre l'anorexie; mais le trop gras n'est pas beau non plus!Et le juste milieu alors?