Les bouquets de Violette (Sagols)


















Violette Sagols crée d’étranges princesses. Ce sont peut-être des petites pestes qui feignent la naïveté. Mais l’artiste ne « psychologise » pas. Ses dessins jouent d’une forme de passéisme formel pour anticiper le futur. Elle pratique comme personne le « passé empiété », toujours à l’écoute d’une petite voix si profonde qu’elle ne sort jamais mieux que par le dessin en sa délicatesse et sa drôlerie.


De telles princesses demeurent en un splendide isolément. Ni enlacées, ni retirées, elles restent espiègles, témoins les unes des autres, d’une œuvre à l’autre et au détour du temps. Celui-ci passe. Mais il n’a pas de prises sur elles. Le tout dans un défilé où le proche reste sans approche et le lointain en une étrange proximité. Demeure la polyphonie des couleurs et des formes avec toujours une tonalité de base et une rythmique particulière.


Face à elles, le voyeur marche à la rencontre  de lui-même sans savoir quelle ombre le talonne. Il veut voyager seul mais s’égare aux lieux-« dits » que Violette Sagols crée du bout de ses crayons. Elle taille la nuit compacte du temps pour la briser. Par ses princesses sauvageonnes et presque sages elle touche à des images les plus cachées afin de créer son évangile selon elle-même : celui de la tentation, celui de l’écart. Tout est laissé à l’attention des sens mais dans un exercice de pudeur et de mystère : il faut accepter l’étranger dans l’intime, l’intime dans l’étranger.
Jean-Paul Gavard-Perret

 

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