Dès ses études Alfred Cheney Johnston commence la photographie en tirant les portraits de ses amis. L’époque n’est pourtant pas encline à cet art encore non reconnu. « Cheney » y applique ses connaissances picturales. Et en 1916 il obtient une célébrité mondiale par ses prises des danseuses des Ziegfeld Follies dont il devient  le photographe officiel. Elles deviennent grâce à lui  le modèle de l'idéal féminin.

Après la ruine et la mort de Florenz Ziegfeld le photographe poursuit son activité à New York mais son style devient suranné et en dépit de nombreuses tentatives il ne connaîtra plus le succès. On redécouvre aujourd’hui un travail jugé souvent à tord comme « académique ». Fidèle à la légèreté comme à une forme d’esprit surréaliste, l’artiste a sorti son art de l’étroitesse de la geôle mentale dans lequel il était confiné.

Ses photos ont contribué à libérer les crânes et les fantasmes. La nudité feint d’être découverte subrepticement mais pour s’assumer triomphalement en beauté au sein d’un abandon théâtralisé dans des défauts de laçage et des jeux de textile faits pour laisser le voyeur de l’époque désemparé là où le photographe déclinait  par avance toute responsabilité. Restent des balancements et des berceuses qui amenèrent la photographie à un monde inédit pour l’époque. Elles posèrent à la question : Qu’était le nu avant la photographie ?

Jean-Paul Gavard-Perret