Quand l’animal rit : Isabel Aguera

 


Les peintures d’Isabel Aguera surprennent par leur force, leur profondeur, leur lyrisme mais aussi leur drôlerie. Apparemment l’abstraction est dans tous ses états mais la bestialité rappelle aux drôles d’oiseaux que nous sommes ce qui nous travaille. La première en ses couleurs profondes devient  le champ d'épandage de notre inconscient.

 

L’artiste sans amuse, en remet au besoin des couches. Néanmoins  des arpents de lumière construisent un espace cage. Les barreaux en restent élastiques : les animaux peuvent passer à travers. Chaque toile  reste en conséquence et à la fois béante et fermée.

 

Créer revient à identifier par la prise plastique quelque chose de subtil là même où la peinture se fait pourtant violente et quasi-gestuelle. La matière en sa couleur, son épaisseur, sa tactilité inclut paradoxalement un surcroît d’éros par la bande  - là encore l’inconscient remonte implicitement. Le corps devient double : dans les effets d’ombre surgit ce que l’image en sa lumière ne pourrait montrer.

 

Isabel Aguera résout la relation au corps au moyen de l’altérité plutôt que de l’identité. L’animal devient l’autre du corps ou plutôt il signale ce qui l’habite. La noirceur matérialise la partie tangible de l’éros contre la mort que l’on se donne facilement par  pusillanimité ou faiblesse. Quant à l’abstraction elle ne retranche rien – au contraire. Et l’animal ajoute au corps sa dimension invisible.

 

 Jean-Paul Gavard-Perret


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1 commentaire

Fan de roman

Oui l'animal d'Aguera révèle l'identité intime de l'être humain . Mais le geste pictural de l'artiste est essentiel pour devenir passeur de  ce qui nous besogne à l'intérieur . JPGP a bien saisi que ce talent n'est pas billevesée .