Joanna Tarlet-Gauteur : une aussi longue absence, une si profonde tristesse


 

 

Les photographies de Joanna Tarlet-Gauteur créent du lien par l'indifférence des modèles. Elles regardent le voyeur mais sans rien attendre de lui. L'artiste devient une ethnologue qui propose son "bonjour tristesse" sans pour autant réduire le travail à une illustration sentimentale. Sa photographie est au-delà de la psychologie. Elle pénètre des zones plus profondes parce qu’elle est avant tout un langage qui se passe de titre ou de légende.


 

L’œuvre ne tire pas sa force d'une volonté de message, d'une charge symbolique, d'un excès de poids référentiel. Sa singularité tient  aux valeurs de composition et de texture.  La photographie constitue  la matière mentale la plus plastique. Elle est moins du domaine de la rêverie et de la fiction que celui du génie du lieu. Elle est non seulement porte empreinte de l'identité mais espace de son interrogation.

 

Contrairement aux thèses à la mode qui, de Claude Lanzman à Hubert Damisch,  traversent tout un courant de pensée afin de faire croire que  "la fin est toujours aux mots non à l'image", la photographe illustre le contraire D'autant que pour en parler il faut utiliser des mots… Pas sûr, pour reprendre la formule de Claudel,  que "l'oeil écoute" mieux avec eux qu'avec des images.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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