Guacolda : le textile et l’ineffable

 


 

Chaque œuvre de Guacolda crée d’étranges attelages entre le dessin (et parfois l’écriture) et la matière. Le textile propose des décalages et des pénétrations. Existent des discordances augurales à une autre vision de monde. Le féminin y est repris en main par la créatrice. La profondeur du propos ne supprime pas pour autant une forme légèreté. Le jeu de la matière est la source d’un écart mais accroît la présence de certaines silhouettes vives adossées au silence.


Existe toujours un souffle quelle que soit la technique choisie par la créatrice. Du textile au dessin l'artiste réenchante le monde, le sort de sa glaciation masculine, selon un érotisme où la sensibilité remonte des premiers émois. L’espace est mental mais pas seulement. L’artiste se fait poétesse en un lieu où intérieur et extérieur deviennent un lieu unique, un passage dont le temps n’est plus le gardien.


Le plus souvent Guacolda suggère une fraîcheur et une joie mais tout autant une gravité et une profondeur. La suggestion reste le maître mot d’un travail attentif à la volupté et à une paradoxale précision qui ne se saisit pas forcément à première vue. Offrande et adresse, l’image reste à l’état d’essence à travers la matière. La créatrice la fait revenir au premier plan afin de suggérer ce qui nourrit l’être depuis ses premiers âges et ce qui fait de la femme la primitive du futur. Et si l’image devient une mémoire, il ne s’agit pas de celle du temps passé mais d’un incessant avenir.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.