Image et réel interlopes : Huger Foote
Le monde de Huger Foote est un monde où tout chaloupe. Fureteur, le photographe retient ce qui n’intéresse personne. Il déambule dans divers lieux grevés de traces et de résidus : fruits jetés, traces de pneu dans un cloaque, herbes folles, parpaings, tréteaux, tuyaux etc. Tout cela crée un kiosque étrange que l’artiste réunit dans ses albums d’images. Aux cités impériales l’artiste préfère les zones moins fastes, brillantes ou touristiques. Il aime les moments ou les lieux en creux là où commence ou finit un monde. Pour en suggérer l’éphémère la photographe froisse ou lacère au besoin ses photos.
Restent malgré tout des fleurs vivantes sous l’éclat de leurs flammèches. Ailleurs le corps d’une sorcière d’amour s’amollit dans les bras d’un amant provisoire qui lui rend ses baisers sans retenue. L’intime comme "l’extime" reste néanmoins décalé. La vie est à la fois enfermée est ouverte La photographie évite toute parure, elle cherche la "peau" du réel. La communauté avec lui n’est pas d’obligation. La spontanéité préside toujours à la prise mais elle reste sourdement réfléchie. De telles photographies demeurent inexploitables aux idéologies.
Jean-Paul Gavard-Perret
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