Apparentements des sœurs Pelisson

Les sœurs Pélisson proposent un jeu : l’une pense qu’elle a la pouvoir de séduire l’autre et vice versa. Dès lors surgissent des assemblages qui sont des métamorphoses entre victoire et reddition feinte. L’espace investi change de nature : on pourrait le penser vulgaire : il devient idéal. Le désir cesse d’être un instrument de pouvoir. Le corps s’offre sans calcul ou vêtement. Il est - quoique imbriqué dans des « cages » - libre. Tout bascule : les corps bien sûr mais surtout les idées, les regards, la révolte comme l’autorité. Le nu ni marmoréen, ni érotique crée un saisissement qui se creuse. Les gestes se répandent à travers l’espace de la vue et touchent ce qui reste normalement hors de sa portée. Une intimité particulière avance selon un rapport aérien. Surgit l’afflux voire l’excès d’un rapport qui porte à son comble ce qui jusque là n’avait qu’une expression imparfaite.



Une telle proposition reste des plus ambitieuses. D’autant que Brigitte et Michelle Pelisson savent que la volonté de transparence reste toujours le produit d'une culture. Elle est  chargée d'une volonté de puissance politique, religieuse, idéologique "garante" des  sociétés humaines. Face à cette ambition de tyrannie les deux sœurs inscrivent leur légitimité par effets de surface comme de profondeur, d’ouverture comme de fermeture. Elles revendiquent une satisfaction pulsionnelle d’un nouveau « genre » (mot dangereux aujourd’hui…). Il met en exergue le gain d’une "dépense" particulière. « Coté sœurs » devient le seul moyen de faire glisser de l'ombre à la lumière en des assemblages protéiformes Les corps sont triturés, les formes manipulées, les techniques et propositions d’usage détournées. Corps, intimité, genre s’y trouvent reconsidérés par un travail de dérision. Il garde toutefois et surtout une fonction de rituel iconoclaste.


Jean-Paul Gavard-Perret


Brigitte et Michelle Pelisson, "Coté-Sœurs", Le Larith, Chambéry, 19 février-20 mars 2014.

 

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1 commentaire

Ce jeu polisson entre sœurs PELISSON n'est que prosopopée  , belle il est vrai , de JPGP .