Rem Koolhass le seul maître

Au départ comme à l’arrivé (provisoire) de célébrissime architecte hollandais Rem Koolhaas existent deux livres majeurs à qui veut comprendre les enjeux de l’urbain et de l’architecture aux XX et XXIe siècles.  Le lauréat du prix le plus important, sorte de Nobel de sa spécialité (le Pritzker) se fit connaître au par un ouvrage culte New York Delire. Il y expliquait comment New York s’était « monté » - à tous les sens du terme - selon les perspectives et les curiosités du parc d’attraction qui jouxtait le New York du XIXe siècle  à Cosney Island. Reprenant une nouvelle perspective et changeant de lieu celui qui s’est intéressé à la décontextualisation des mégalopoles  offre des éléments capitaux afin de comprendre l’architecture du Japon après la Seconde guerre mondiale et son influence sur le monde de cet art. Se découvrent les plans directeurs de la Manchourie à Tokyo, des clichés intimes des Métabolistes, des maquettes d’architecture bien sûr mais aussi d’incroyables visions urbaines de science-fiction retracent l’histoire du Japon du XXe siècle à travers son architecture.


Rem Koolhaas lui-même et son OMA (Office of Metropole Architecture - Rotterdam) doivent beaucoup au Métabolisme. Parmi  ses réalisations emblématiques citons  la tour CCTV à Beijing, la Maison Girafe dans la banlieue parisienne  ou la Casa da Musica à Porto. Ce dernier est un des bâtiments les plus délirants qui soient. Ses perspectives rappellent les films expressionnistes allemands. L’architecte néerlandais conçut la Casa  (comme sa Maison  Girafe )  avec une petite occupation au sol  afin que sa création ne soit pas trop lourde pour l’environnement.. Dans un tel bâtiment l’on passe non d’une pièce à l’autre mais de surprise en surprise, comme dans une succession de décors ludiques, esthétiques,  pétillants.  On reproche parfois à Koolhaas  cette architecture avide de « spectacle » venue des origines même de sa formation.  Il suivit des études de scénariste, avant celles d’architecture. Il a même écrit un script pour Russ Meyer, le réalisateur de Faster Pussycat Kill Kill  (maître de la série B devenu culte). Rappelons que l’OMA ut et reste une pépinière de créateurs de renom : Zaha Hadid ou encore le grand architecte paysagiste français trop tôt disparu Yves Brunier ont été les hôtes prestigieux de cet Office.


Koolhaas illustre enfin ce qui lui est le plus cher  et  fonde son esthétique :tout architecte doit anticiper afin de se reposer la question du lieu de leur présentation. Cela peut et parfois doit aller jusqu’à la constitution de nouveaux lieux inédits ou à la déstructuration de lieux existants. Il montre aussi comment l’exploitation désormais classique de reconversion et de recyclage de lieux qui ont perdu leur rôle originaire (usines désaffectées par exemple)  ne doit pas faire place forcément à d’autres constructions « muséales ».  Il faut à tout architecte l’ambition d’un devenir. Elle passe par une nouvelle dynamique (comparable à celle que le Métabolisme inventa)  afin que le regard ne soit pas seulement absorbé par une enveloppe certes prestigieuse et parfois originale mais qui mange l’objet même pour lequel elle est conçue.


Jean-Paul Gavard-Perret


Jean-Louis Violeau, « Rem Le Bon, la Brute... », Collection Contre-cultures, Editions B2

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