Jean-François Spricigo : nature profonde
Le "régime des passions" est crée par Spricigo sous l'empire de la nature. Ce régime n’est pas dissocié du reste du monde : il n’est en rien « di-social », refermé sur lui-même. Le passionné fait de la nature un objet mirifique en y sacrifiant tout ce qu'il possède de réel et dont il ne peut profiter pleinement qu’à travers elle. Elle devient parfois la coulisse des abysses sans tomber dans une hystérie de l’imaginaire. Celle-ci dénie le réel, la passion veut l'affirmer et en subit une douleur aussi sensuelle qu'intolérable. Spricigo montre les retranchements, les ouvertures, les interstices inouïes de la nature : la “ figure” humaine y disparaît au profit de celle des animaux saisie néanmoins du point de vue de l’être.
La nature est vue dans
un surgissement d’abîmes forestiers, d’espaces-escargots pour mettre à jour une
forme humaine inconnue de l’inquiétante étrangeté de la vie : le
photographe belge découvre le
feuilletage, irrécusable et frontal. La photographie n’est donc pas une rêverie
évanescente, ni la “ maîtresse de fausseté ” : elle devient la
manière d’envisager autrement le monde et l’être selon multiples facettes. L’ébahissement
se mêle parfois à la peur. Il faut l’accepter. Car elle est naturelle.
L’intégrer c’est faire preuve de lucidité. Puis retrouver ensuite une forme de
paix. Elle fait de nous des filles et des fils d'Iris et de zéphyr. Un nouvel
équilibre est rétabli.
Jean-Paul Gavard-Perret
Jean-François Spricigo « Carnets du ciel », Galerie Maeght, Du 7 au 29 novembre 2014 (mois de la photographie), Paris, « Toujours l’aurore », Galerie Centquatre-Paris, novembre 2014.
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