Suzanne Stacher et l’architecture alpine

Un tel livre - catalogue d’une exposition itinérante –  est une mine. Il permet de comprendre comment l’architecture de montagne s’adapte ou perturbe le paysage alpin. Suzanne Stacher a réalisé un travail exceptionnel. Il brille par sa précision, son iconographie. L’auteure montre les avancées d’un Marcel Breuer et de Lois Welzenbacher, les astuces de Perriand, Regairaz, Taillefer et comment ces créateurs ont répondu à la demande qu’imposaient les richesses de l’or blanc tout en ne négligeant pas la contextualisation afin de créer divers types de « monumentations ». Elles sont parfois sidérantes voire stellaires mais aussi respectueuses du paysage.

 

Suzanne Stacher illustre aussi comment l’architecture a évolué à travers les âges Entre sublimation de la montagne et recherche du pittoresque structural, l’architecture fait à la fois décor et anti-décor selon des esthétiques bien divergentes mais toujours intéressantes jusque dans leurs perturbations. Tous les grandes signatures sont rassemblées afin d’offrir une face « cachée » et pourtant évidente des Alpes. Elles prouvent combien et comment elles ont contribué à un changement de vue sur le sublime de la nature aussi terrestre que tellurique.

 

L’architecture transforme la texture alpine dans une langue plastique En ses représentations de l'espace elle fait de chaque construction  un aître : à savoir l'endroit où la question du lieu se retourne sur la question de l'être. Les grands architectes ont donc inscrit une théâtralité dont l’auteure propose un grand récit aussi plastique que poétique. Apparaissent des lambeaux de sérénité, des perles de nuages, des bouchées cosmiques, des pluies d'étoiles, des gouttelettes d'éternité : tout y est. Les métamorphoses architecturales sont autant de "Bijoux" qui honorent la montagne par  rebondissements ou échos.

 

 Jean-Paul Gavard-Perret


Suzanne Stacher, « Dreamland Alps », ensa-v, Verrsailles, Archiv fur baukunst, Innsbruck, Maison de l’architecture de Savoie, Chambéry, 2014.

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