Mireille de Boisriou : poésie-peinture


On se tromperait lourdement en limitant l’œuvre de Mireille de Boisriou à la description ou à l’évocation de lieux qui lui sont chers. Certes ils le demeurent mais de fait de réel aimé n’est qu’un palimpseste. Il fait office d’élément déclencheur à la sensibilité de la créatrice. Celle-ci déstructure juste ce qu’il faut les paysages savoyards pour leur recréation afin de fomenter avec eux  de tendres  épousailles. L’eau du Bourget au gré d’une aube attentive dans un été de plomb joue de diverses ambivalences : lac et montagne,  ombre et lumière par exemple. Surgissent des jaillissements que le commissaire de l’exposition (André Liatard, Directeur du Musée Faure) a su comprendre. Mireille de Boisriou est non seulement une artiste à la technique parfaite mais une poétesse qui problématise à sa manière la question du paysage. Elle le glisse dans des frontières intimes, en maints replis et dans la tiédeur sensuelle des couleurs. La peinture de paysage échappe au simulacre afin  brûler - jusque dans la force de l’âge qui fait de nous le peu qu’on est, et qui nous happe - dans un désir de temps afin de remplacer le fuyant en une sorte d’éternel présent ou d’insistants avenirs. Au couchant flamboient les façades incendiées des montagnes tandis que sur le lac le soleil sombre. Mais plus il s’efface, plus l’absence est vive et plus la poésie de la créatrice  devient “visible”. Ne serait-ce pas là le moyen de redéfinir le terme rimbaldien d’ “illuminations” ?

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Mireille de Boisriou, Musée Lapidaire, Aix les Bains,  du 26 au 30 septembre 2014.

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