Arnaud Vasseux : la matière et l’ineffable
Partant toujours de matériaux basiques du bâtiment ou de l’industrie légère Arnaud Vasseux choisit ceux qui se modulent ou se délite : le plâtre, le polypropylène, la résine, la fibre de verre. Ces matières sont modifiées au sein de tensions propres à créer des présences poétiques. De grandes tailles ou de volumes les œuvres transcendent le réel selon divers types d’érosion ou d’érection : sa « Tour » composée d’un amoncellement de cartons recouvert d’un film, par tension et élasticité devient un « objet » d’effondrement et de surrection dans une approche déceptive mais saisissante. Emane tout un jeu d’oppositions entre le vide et le plein. L'équilibre à tout moment semble pouvoir s'estomper comme si le geste de l’artiste était soumis la recherche de l’instabilité. D’où l’impression d’un « non fini » méticuleusement concerté par Vasseux. Chaque proposition donne l’impression de « work in progress » dans ce qui pourtant est de l’ordre du plus abouti. Evidentes et « latentes », les matières dures font résistance tout en se présentant comme volontairement provisoires et titubantes. Le créateur donne de l’éternité à ce qui paraît un simple moment. Le présent devient un présent éternel. Le sublime côtoie le fragile dans le basculement sans cesse repris. Manière de lutter contre le temps ou de lui donner dans le plus éphémère une plus value d’état pur.
Jean-Paul Gavard-Perret
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