Lnor : les modèles ont une âme

Partant de l’idée que les statues ont le sang froid, Lnor crée paradoxalement un travail photographique où le corps statufié par l’image retrouve chaleur et intensité en divers temps où les femmes méduses deviennent « stupéfiantes » par l’attention que leur Mélusine leur accorde. Ce sont des drogues dures développées en plusieurs séquences ou plus exactement en un triptyque :  « Mises en scène », « autoportraits », « modèle vivant ». Lnor propose en noir et blanc une figuration de solitude, crue, pleine de vie même si la femme apparaît parfois comme foudroyée dans un univers plus ou moins gothique. Il s’agit de monstres charmants, de garces sacrées (l’inverse de sacrées garces) qui ramènent à des moments de l'exil que l’  « opératrice » fait partager.

 

Souvent collée à un mur la femme retourne à la réalité non sans un certain sens de l’équilibre. Il réclame un corps et un visage impeccables et une chasse intempestive. La cosmétique est là mais pour un rituel particulier et presque noir et non sans humour. Les femmes jouent parfois les saintes. Mais elles sont libres. Légères aussi. Le gothique n’est pas traité comme un poids. Par son regard sur ses égéries l’artiste détourne le fini. L’émotion s’offre à l'existence avec juste une pointe de mélancolie dans la fente du temps.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Lnor, « Sang froid », Les Ames d’Atala, Lille, 144 pages.

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