Pour sa troisième édition  de la « Fête du Slip », Viviane et Stéphane Morey - leurs initiateurs - mélangent Cythère et Lesbos  si bien que le vers de Baudelaire  " Vénus  à bon droit peut jalouser Sapho ! " devient nécessaire. L’historien d’art Claude-Hubert Tatot présente pour l’occasion son  Cabinet de Curiosa : il contient dessins, photographies, sculptures, œuvres d’art, images d’amateurs, objets de l’industrie pornographique, etc.. Les œuvres sont tirées de sa  collection, de prêts d’artistes et d’œuvres de la fondation lausannoise F.I.N.A.L.E. (Fondation Internationale d'Arts et Littératures Erotique) centre de documentation et de conservation des comportements érotiques et amoureux. Se mêlent diverses mythologies plus ou moins undergrounds. Il est jouissif d'y abandonner le monde officiel,  de redécouvrir une origo et de troquer l'histoire admise pour l'Utopie. L’exposition prouve que Cendrars - autre Vaudois - s’était trompé lorsqu’il écrivait dans  Dan Yack : " S'il est quelque part au monde un pays de Tendre, c'est, à première vue, en Nouvelle-Zélande . L’Helvétie fait mieux.

La fête montre bien des fétichismes et autant de fantasmes. Mallarmé y trouverait son compte puisqu’il découvrirait ce qu’il rêvait dans sa « Prose à des Esseintes « Nous promenions notre visage / (Nous fûmes deux, je le maintiens)Sur maints charmes de paysage, / Ô soeur, y comparant les tiens ». La fête propose une plongée dans les eaux limoneuses de l'Amour  comme sur la terre érotique. " Les organes sexuels féminins (cavernes anfractueuses, calices floraux, coquillages) et masculins (moignons de souches ou de racines, champignons, poissons) " dont parlait Mandiargues trouve une légitimité nouvelle.  Plus question de pétrarquiser  en spiritualisant l' « objet ». Et il n’est pas jusqu’à un nombril  épanoui comme un petit cratère cyclopéen sur la bande de chair qui est comprise entre la laine usée du chandail et le grossier tissu des pantalons texans pour suggérer un voyage qui transforme le visiteur en le plus heureux des explorateurs. Le regard myope sur le corps est réparé  afin  d'engager une vision fantasmatique dans la belle confusion des registres en  terres inconnues  de certaines amours.

Jean-Paul Gavard-Perret