Delphine Vincent : les mots et la peinture, captifs et captivante
Les mots oxygènent la peinture de Delphine Vincent, ils ruissellent sur sa peau. Ils en sont le miel à laquelle la peinture renvoie sa saveur de sel. Devenue armoire et armoirie des vocables, la picturalité les mâche, les transmue en motets visuels : leurs sens est donné par le tableau. Il semble leur captif consentant avant de leur retourner le compliment. Les veines des signes sont alimentées par la pulpe de la matière plastique. Elle devient syllabe, cil du désir, jouissance buissonnière. En bordure de ravin les mots sont pris dans la sorcellerie perceptive : des parcelles de bleu, de rose, de blanc bâtissent de nouveaux terriers pour le logos. Ils sont plus aptes à dire et surtout à montrer la douleur, le plaisir.
Delphine Vincent devient la subtile architecte et la
reli(gi)euse des mots et des images afin de provoquer de nouvelles
interrogations. Par leurs enlacements et leurs voies ignorées le verrou des
syntaxes est levé. A la cage de la raison, à la ménagerie de verre des
nominations répond la nécessaire démence du chant des formes et des couleurs.
Jean-Paul Gavard-Perret
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