Aurélie Bauer : de sa fenêtre

Le goût (sans doute) pour le cinéma a poussé Aurélie Bauer du côté de la peinture. Cette dernière à l’avantage sur le premier de décomposer le temps, de le retenir, de s’en emparer. Ses plans sont significatifs d’un regard attentif, presque voyeur (cinématographique)  mais néanmoins distancié. Il n’existe pas d’épanchements : juste des scènes vues selon un « néo-réalisme » poétique. La lourdeur de la vie s’en trouve allégée. L’artiste touche chaque fois un sentiment éphémère, discrètement intime de l’existence. Chaque toile devient un petit voyage au plus grand que constitue toute vie.


Aurélie Bauer écarte la détresse et le chagrin comme le sublime et le prophétique. Mais garde toujours le contact avec le réel. Et si l’imaginaire vient à la rescousse il est toujours présenté de seconde main comme si la vie ne pouvait être un rêve. Jamais cynique mais toujours insolente Aurélie Bauer  revivifie le suranné.  Inscrit une poésie sans fard du réel selon une forme de narration dans un temps où la rapidité de lecture impose la forme la plus ramassée qui soit. Il n’y a de place ici ni pour colis fichés ni pour verroterie sauf à y voir débarouler un éléphant. L’artiste tente - simplement et tant que faire se peut - l’évaporation des idées noires afin de nous amarrer à celles plus claires du lendemain matin : même lorsqu’il bâille.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Galerie Elizabeth Couturier

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