Errances programmées de Ma Qun

                   


 

 Ma Qun plonge avec les formes et les couleurs dans la toile comme dans le vide. Chaque œuvre devient une porte. Elle ouvre sur ce qui ressemble d’abord à un chaos. De fait existe une passerelle de formes  elle jette  des potentialités plurivoques. Emerge parfois un visage sans contour. Parfois quelques volutes s’animent. L’œuvre répond à une exigence de visibilité qui n’a rien de facile. Hors de tout souci  d’ornementation les couleurs et leurs haleines violentes consument le support : l’oeuvre vit selon une intensité pure, un degré enflammé. La trace peut sembler peu de chose mais elle révèle toute la problématique de Ma Qun.

 


La puissance est dans des moutonnements sourds de couleurs. Les formes ravagées mais pleines deviennent le langage somptueux. Il puise en dedans ce qui devient un monde débarrassé de figures-apparences. Monte un horizon perdu en des frondaisons intempestives séparées d’intervalles, d’interstices ou  d’échancrures  afin d’éveiller quelque chose sans que l’artiste ne sache forcément quoi. Sur une blancheur de neige un éclatement a lieu, s’empare de la surface. L’image conçoit un tremblement : celui de la pensée jamais de la main. En de tels espaces le non-savoir déborde  en errance « programmée ». 

 


Pour Ma Qun  peindre revient moins à préciser le contour que se risquer dans la blancheur et y découvrir  la précarité des acquis, la vanité des appuis. L’œuvre se situe au bord du gouffre sans avoir peur d’y tomber. Car faire le saut au dessus du vide (le  blanc du support) ne revient pas à une chute, à un naufrage. L’approche picturale ouvre à la seule poésie : celle qui densifie mais épure. L’artiste avance par  écrasement des apparences vers l’émergence. Ce que l’on retient est la caresse d’un trait Il recommence le monde et donne à voir une énergie.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


MA Qun, Exposition du 28 Mai au 11 Juillet 2015, Galerie Daniel Besseiche Paris, 33 rue Guénégaud- 75006 Paris

 



 

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Anti nom

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