Damian Siqueiros entre éros et thanatos

 

Dans les photographie théâtrales de Damian Siqueirios l’abîme n’est jamais loin. Il y a des zébrures d'anges sous les arches du temps, certains lumières d'ellipse, des vulves suggérées  d’où surgissent des oiseaux tandis que de fines lunules intimes  courent le long de partenaires hybrides.


Chaque photographie dans un montage volontairement classique permet de franchir des limites, d’accepter le saut vers ce qui échappe. L’être est  jeté hors de lui-même pour qu’il connaisse la lumière nocturne de l’abîme en d’autres corps. Il s'en remet à eux et à ce qui en rayonne. Chaque narration demeure volontairement complexe, ambiguë. Le vérisme y côtoie un certain surréalisme sud-américain.


La joie n'est jamais uniquement joie et la douleur, douleur.  Surgissent chez Siqueiros des aspirations intimes, des dépouillements absolus. Parfois le photographe semble faire oeuvre de discrétion, comme on dit faire oeuvre de chasteté, mais il garde en lui la présence précipitée de la libido. D'un crépuscule à l'autre  il n'y a guère d'autre raison d'exister. C’est pourquoi chaque photographie organise un rituel voluptueux, aussi nécessaire que dérisoire.


Et qu’importe si la sexualité est  une maladie mentale qui peu à peu a eu raison du corps.  Avec elle chaque fois recommence l’histoire. C’est pourquoi Siqueiros s’autorise presque tout. Il va à la limite où créer revient à imaginer d’autres rêves, d’autres pensées. La photographie devient l'étrangeté des aveux au sein de faiblesse ou la force de ce que certains nomment  la défaillance notoire.


Jean-Paul Gavard-Perret



Damian Siqueiros, « Réalités abstraites », Corridor-elephant, 2015.

 

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