Clara Cornu l’alchimiste

                   

 

Clara Cornu  transforme le corps en lumière. Pour cela elle défait la ceinture du langage plastique afin qu’émerge son au-delà ou plutôt son en-deçà. La pornographie (si pornographie il y a) prend un nouveau sens. Dans le dédale des images surgit l’icône puisque la feuille d’or devient souvent un fond  qui mobilise une bonne dose de poésie. Refusant tout collet monté l’artiste ouvre des portes sans pour autant que le voyeurisme s’installe. Se touche l’origine du réel plus que du monde. Il ne s’agit pas de faire avaler les alouettes à la Courbet par courbettes.  La plasticienne broie les attentes pour un voyage à multiples facettes par le jeu de la peinture, du dessin, du bois, de la feuille d’or et du verre. Une poésie des plus simples suit son cours. Exit la grand-messe. Le charme d’Isis est de refuser les exploits et de caresser les plaisirs par aporie dans la fable des jours.


Clara Cornu se fait alchimiste des peurs et des angoisses qu’elle transforme en des structures et silhouettes premières jusqu’à les verser dans l'improbable. L’artiste ne lutte pas contre l’ombre : elle la fond afin que remonte une clarté noire. S'impose le pouvoir d'étrangeté d'un infini presque tactile.  Il monte, il déborde face au danger du temps qui court à notre perte.  L’artiste éloigne du romantisme de la ruine.  Cela évite d'entrer dans la nostalgie comme seul compte à rebours. Chaque oeuvre devient  un îlot. Il témoigne du réel et non de ses justifications. Il devient l’insurgé. Surgissent les « témoins » sur le lit des crépuscules ou en des aubes berceuses. La proximité crée un labyrinthe oculaire enlacé. S’y perçoit par effet de surface des profondeurs cachées en une célébration tacite, un acte étrangement pieux. Cela provoque une traversée incertaine dont l'avenir comme l'origine demeurent une interrogation.

Jean-Paul Gavard-Perrret

 Clara Cornu, L’Antichambre, Chambéry et Docks Art-Fair, Lyon 2015 du 10 au 13 septembre 2015.

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