Mark Allen : aparté aquatique


 


A Los Angeles l’année entière est la saison des piscines. Mark Allen en a fait son lieu d’investigation. Les femmes y règnent en maîtresse comme des sirènes. Elles font sous l’eau ce que le commun des mortels fait dessus. Teintes et textures prennent l’ascenseur  puisqu’elles semblent plus légères.  Il s’agit moins d’échapper à la canicule qu’au réel. On ne sait plus parfois qui fait quoi mais l’exhibition décalée est saisissante. Au punching-ball improvisé par le réel sont substituées des figures aquatiques fonctionnant comme un memento mori limpide, une comédie loufoque plus sérieuse qu’il n’y paraît.


Hormis le plaisir inévitable que procure de telles prises surgit une équation aussi pertinente qu’absurde. Elle vient bousculer le chapelet de poncifs réalistes de la photographie. Il s’agit autant  d’un aparté anthropologique que scénographique. Au feu terrestre répond l’onguent de l’eau. Perdant une partie de leur puissance carnée à force de mijoter les femmes - par les  situations qu’elles jouent - créent une perspective capable de donner au monde sa nécessaire dérive.


Jean-Paul Gavard-Perret



Skidmore Contemporary Art, Santa Monica, Cal.

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