La maison des ombres : Soraya Hocine
Soraya Hocine a découvert sur le site en
désuétude de l’hôpital psychiatrique (dit « Le Peigne ») de
Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère le moyen de répondre à ses interrogations
et ses propres douleurs en se mettant en scène dans un tel lieu
« chargé » et en jouant de l’apparence et de l’invisible. Toutes ses
photographies sont marquées du sceau de l’énigme de vies cachées et contrariées.
Soraya Hocine s’y voit, s’y reconstruit à l’aveugle. Entre ombre et lumière les
photographies produisent un effet fantomal.
Dans le site où vécurent pendant la guerre Paul Eluard et Tristan Tzara, des résistants qui côtoyaient les patients, l’artiste exhument des « cendres » du lieu (elles font écho à celles de son atelier parisien) une présence dont elle devient à la fois l’opératrice et l’actrice. Là où le visage demeure pourtant caché la silhouette de l’artiste semble celle d’une rescapée qui dépasse le simple périmètre de l’Histoire. En surgit une narration plus personnelle et pénétrante par laquelle la créatrice tente d’exorciser ses démons.
Jean-Paul Gavard-Perret
« L’invention d’une « il » et la possibilité d’un « elle » », atelier photo-théâtre, culture à l’hôpital, Mende 2015
« Je ne suis… », atelier-photo culture à hôpital, St Alban sur Limagnole, Les éditions de l’appartement, Montpellier, 2014
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