Monika Macdonald : d'aussi longues absences

                   


 

Monika Macdonald crée par ses photographies un érotisme en creux et poétique. Plutôt que de susciter le fantasme il provoque une vision de l’intériorité. Surgit ce qui demeure généralement muet ou caché. L’individu s’y retrouve en absence de situations ou de repères établis. Nul ne peut dire si la relation à l’autre comme la solitude est acceptée ou subie.

La féminité navigue à vue dans la recherche de communautés plus ou moins « inavouables » selon la formule de Blanchot. Des solitaires cherchent leur place, leur rôle, leur identité. Par l’appréhension d’un « négligé » d’existence, l'artiste suédoise permet de donner vue à leurs secrets intimes. Mais ils sont juste suggérés.

Existe chez les femmes saisies « in abstentia » quelque chose de l'ordre de la carmélite. Mères, femmes célibataires semblent parfois soumises, parfois insoumises. Moins à un homme qu'au poids de la vie. L’amour est peut-être invivable. Qu’importe : certaines femmes appellent sourdement l'autre quel que soit son genre, sa nature. Mais l’errance ou la friche existentielle paraît inépuisable : l'image l’évoque en sa caresse pudique et son souffle impudique.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 Monika Macdonald, "In Absence", Kehrer Verlag, 2016.

 

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